Se sentir légitime, ou l’art de s’autoriser à être à sa place
- Camille DE JESUS
- 28 oct.
- 3 min de lecture

C’est une phrase que j’entends souvent :
“Je ne me sens pas légitime à…”
À postuler, à parler de moi, à me mettre en avant, à oser, à changer de voie, à me reconvertir, à réussir parfois même.
Ce sentiment d’illégitimité traverse beaucoup de personnes que j’accompagne — des femmes, souvent brillantes, compétentes, investies, mais qui doutent. Elles croient qu’elles doivent encore prouver, qu’il leur manque quelque chose pour mériter leur place. Comme si elles devaient sans cesse justifier leur existence professionnelle.
Mais ce sentiment ne touche pas que les adultes.
Chez les jeunes aussi, il est bien présent. Certains ne se sentent pas légitimes à avoir des envies différentes, à exprimer leurs doutes, à changer d’avis. Ils se comparent, se jugent, s’excusent parfois d’être “en recherche”.
Et pourtant, quoi de plus légitime à leur âge que de ne pas encore savoir ?
Sommaire
Le plus souvent, ce sentiment d’illégitimité ne vient pas d’un manque de compétence ou de motivation, mais d’un regard extérieur devenu trop présent.
Le regard de la société, de l’école, de l’entreprise, de la famille parfois, qui façonne cette idée que “pour être légitime, il faut mériter.”
Et si la méritocratie avait aussi son revers ?Celui de nous faire croire que notre valeur dépend de nos performances, de nos titres, de nos validations ?Alors qu’en réalité, la légitimité ne s’octroie pas, elle s’incarne.
2. La légitimité n’est pas donnée, elle se construit
Jean-Paul Sartre disait :
“L’homme n’est rien d’autre que ce qu’il se fait.”
Autrement dit, ce n’est pas ce que l’on a (un diplôme, un statut, une validation) qui fonde notre légitimité, mais ce que l’on fait de ce que l’on est.
La légitimité se construit dans l’action, dans l’expérience, dans la cohérence entre ce que l’on pense, ce que l’on dit et ce que l’on fait.
Elle ne vient pas d’une autorisation qu’on attend des autres, mais d’une autorisation que l’on se donne à soi-même.
C’est ce moment où l’on cesse de chercher à “prouver”, pour simplement “être”.
Et c’est souvent à ce moment-là que tout change.
“Mais si je me trompe ? Si je n’ai pas assez d’expérience ?”
Ces doutes, nous les avons tous.
Mais la légitimité n’est pas un état stable, figé une fois pour toutes. C’est un mouvement, une confiance qui grandit au fil du chemin. Et parfois, c’est en faisant que la légitimité se révèle.
Chaque pas, chaque essai, chaque erreur même, vient nourrir ce sentiment d’ancrage et de justesse intérieure.
C’est accepter que cette place n’est pas celle d’un autre, qu’elle ne se mesure pas, ne se compare pas. C’est reconnaître sa valeur, sans attendre qu’elle soit validée.
Certaines de mes clientes me disent :
“J’aimerais avoir confiance, mais je ne me sens pas légitime.”
Et je leur réponds souvent :
“Et si la confiance venait après l’action, pas avant ?”
Parce que la légitimité, ce n’est pas une récompense. C’est une posture intérieure : celle de quelqu’un qui s’autorise à exister, à apprendre, à contribuer, à évoluer. Et c’est vrai à 15 ans comme à 50.
En conclusion, la légitimité n’est pas un titre qu’on obtient.
C’est un chemin d’acceptation et de confiance.
On ne devient pas légitime quand on coche toutes les cases.
On devient légitime quand on cesse d’attendre la permission d’être soi.
Et si, finalement, la vraie légitimité, c’était simplement d’oser être à sa place — sans s’en excuser, quel que soit l’âge auquel on en prend conscience ?
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