Le présent : ce temps qu’on oublie de vivre
- Camille DE JESUS
- 7 nov.
- 3 min de lecture

On me dit souvent qu’il faut “profiter du moment présent”.
Et pourtant, vivre pleinement l’instant est sans doute l’un des plus grands défis de notre époque.
C’est un paradoxe : nous n’avons jamais eu autant de moyens de gagner du temps, et pourtant nous avons le sentiment d’en manquer toujours davantage.
Nous vivons dans une société qui valorise la vitesse, l’efficacité, la projection.
Et à force de vouloir anticiper demain, on en oublie de vivre aujourd’hui.
Sommaire
Une société qui nous pousse à anticiper
Le présent, temps difficile à habiter
Le temps confisqué
Le présent comme espace d'ancrage
1. Une société qui nous pousse à anticiper
Dès l’enfance, on nous apprend à penser à l’avenir :
“Tu veux faire quoi plus tard ?”
Cette question anodine en apparence inscrit très tôt dans nos esprits l’idée que le but est ailleurs. Ailleurs que dans ce qu’on vit maintenant. À l’école, on apprend pour plus tard. Au travail, on construit pour demain. Et dans nos vies personnelles, on se fixe des objectifs, des projets, des “quand j’aurai…” qui repoussent sans cesse la ligne d’arrivée du bonheur.
Et si, à force de courir après demain, on avait oublié de s’arrêter pour vivre aujourd’hui ?
2. Le présent, un temps difficile à habiter
Être dans le présent, ce n’est pas refuser de se projeter — c’est accepter d’être pleinement conscient de ce qui est là. Ce n’est pas une posture naturelle pour beaucoup d’entre nous. Personnellement, c’est quelque chose que j’ai dû apprendre, presque apprivoiser, surtout depuis que je suis maman.
Ces moments suspendus avec mes enfants m’ont appris à ralentir, à observer, à savourer. Mais aussi à me rendre compte à quel point c’est difficile : nos pensées galopent, les notifications s’enchaînent, les obligations s’accumulent.
Notre société hyperconnectée nous éloigne de ce rapport au temps. Nous scrollons, nous consommons, nous remplissons le moindre vide — et en même temps, nous disons “je n’ai pas le temps”.
3. Le temps confisqué
Les smartphones nous renvoient noir sur blanc le temps passé sur les réseaux : des heures à regarder défiler les vies des autres. Et pourtant, quand on parle de lire, de marcher, de rêver, de créer, on dit souvent : “Je n’ai pas le temps.”
Peut-être n’est-ce pas le temps qui nous manque, mais la présence. La capacité d’habiter le moment sans vouloir déjà le rentabiliser.
Aujourd’hui, nous avons pourtant mille manières de nourrir notre esprit autrement : écouter un livre audio dans les transports, un podcast inspirant en marchant, ou tout simplement ne rien faire — et laisser le silence faire son œuvre.
4. Le présent comme espace d’ancrage
Vivre le présent, c’est aussi accepter l’impermanence. C’est comprendre que le monde bouge, que le temps passe, mais que nous pouvons choisir d’être là — maintenant — dans ce mouvement.
C’est un acte de résistance douce, presque poétique, dans un monde qui valorise le “faire” plus que l’“être”.
Pour les jeunes que j’accompagne comme pour les adultes, cette question du temps est omniprésente: on se projette, on s’inquiète, on anticipe.
Et je crois que, parfois, il est bon de se dire simplement :
“Aujourd’hui, c’est déjà bien.”
Parce qu’au fond, le temps présent n’est pas un instant qu’on attend :c’est un instant qu’on habite.
En conclusion
Vivre le présent ne veut pas dire renoncer à ses projets ou cesser de rêver.
C’est, au contraire, leur donner une base solide. Car c’est dans le présent que se construisent les choix, les apprentissages et les rencontres qui feront demain.
Alors, la prochaine fois que tu te surprendras à dire “je n’ai pas le temps”, demande-toi plutôt :
“De quoi est-ce que je remplis mon temps ?”“Et suis-je vraiment là, ici et maintenant ?”
.png)







Commentaires