Le perfectionnisme ou l'art de se perdre
- Camille DE JESUS
- 18 nov.
- 5 min de lecture

Je l’ai souvent entendu lors d’entretien de recrutement, lors de formation, lors d'accompagnement :
« Je suis perfectionniste… »
dit sur un ton qui se veut modeste, parfois même comme un atout à glisser dans un CV.
Mais le perfectionnisme n’a rien d’un super-pouvoir.
Et encore moins d’une qualité.
C’est une armure.
Une peur déguisée.
Un moyen de se mettre hors d’atteinte.
Et pour beaucoup, un obstacle silencieux qui les étouffe à petit feu.
Car le perfectionnisme, ce n’est pas vouloir faire de son mieux.
On se dit :
“Si je fais mieux, si je fais plus, si je fais parfaitement… alors je serai enfin tranquille.”
Sauf que non.
Le perfectionnisme n’a pas de fin.
À chaque objectif atteint, il déplace la ligne.
Encore un peu.
Toujours plus.
Toujours plus haut.
Toujours trop.
Ce n’est pas un escalier.
C’est un tapis roulant.
Ce que le perfectionnisme dit de nous
Le paradoxe cruel
Et si je vous disais que moi aussi...je connais ça ?
Sortir du perfectionnisme un chemin de libération intérieure
Et vous où en êtes-vous avec votre perfectionnisme ?
Ce que le perfectionnisme dit de nous
Le perfectionnisme n’est pas un trait de personnalité isolé. C’est un mécanisme de protection.
On confond d'ailleurs souvent exigence et perfectionnisme.
L’exigence nous tire vers le haut. Le perfectionnisme nous tire vers le bas.
L’exigence nous met en mouvement, nous pousse à apprendre, à progresser, à affiner. C’est une énergie constructive.
Le perfectionnisme, lui, nous paralyse. Il nous dit que ce que l’on fait n’est jamais assez bien.
Que l’on pourrait faire mieux.
Qu’il manque toujours quelque chose.
Que l’on n’est pas légitime tant que ce n’est pas parfait.
Ce n’est pas la recherche du meilleur en soi. C’est la recherche du pire en soi.
Il raconte souvent…
1. Une peur profonde du jugement
« Si je fais parfaitement, on ne pourra rien me reprocher. »
Le perfectionnisme devient une tentative d’éviter la critique.
2. Une quête de contrôle
Quand tout semble incertain, « faire parfaitement » donne l’illusion que rien de grave ne peut arriver.
3. Une confusion entre valeur et performance
Le perfectionnisme n’est pas une recherche d’excellence. C’est une protection contre la peur de ne pas être "assez".
Le paradoxe cruel
A force de vouloir faire “parfait”… on ne fait plus du tout
Le perfectionnisme peut conduire à :
la procrastination (« je commence quand je suis sûre que ce sera parfait »)
l’autocensure (« ce n’est pas assez bien pour être partagé »)
l’épuisement
le renoncement
la stagnation
On attend le moment parfait. On attend de maîtriser parfaitement. On attend d’être parfaitement prêt.
Et pendant ce temps… rien ne se passe.
Le perfectionnisme ne protège pas. Il enferme.
Mais d’où vient-il ?
Bien souvent, de notre histoire, notre éducation, notre environnement.
On nous a appris :
à “bien faire”,
à ne pas décevoir,
à être irréprochable,
à viser la note maximale,
à mériter notre place.
Pour beaucoup, cela commence à la maison, sur les bancs de l’école ou les deux.
Et ça continue dans la vie professionnelle. La peur de décevoir, de ne pas être à la hauteur, de “faire tache”…
Le perfectionnisme est une stratégie d’enfance qui persiste à l’âge adulte.
Et si je vous disais que moi aussi… je connais ça ?
Je vous accompagne chaque jour dans vos transitions, vos peurs, vos doutes, vos élans. Et pourtant…le perfectionnisme fait aussi partie de mon histoire.
Je sais exactement ce que c’est que de :
refaire cent fois quelque chose avant de me dire là c'est ok, avant de l’envoyer, le partager
sentir qu’on peut toujours s'améliorer,
repousser un projet parce que “ce n’est pas encore assez bon”,
être consciente du mécanisme… et ne pas réussir à le désactiver pour autant.
J’ai mis longtemps à comprendre que ce perfectionnisme ne parlait pas de mon travail.
Il parlait de moi.
De ma peur de ne pas être suffisamment… suffisamment “juste”, suffisamment “au bon niveau”, suffisamment “pro”.
Et même aujourd’hui — alors que je l’ai nommé, travaillé, apprivoisé — il revient parfois me murmurer :
“Tu es sûre de toi, vraiment ?”.
Le perfectionnisme n’est pas un ennemi, c'’est une part de nous qui a appris à survivre ainsi.
Mais il est aussi une part qui fatigue.
Une part qui nous essouffle.
Une part qui a besoin d’apprendre à se déposer.
Sortir du perfectionnisme : un chemin de libération intérieure
Il existe une sortie, mais elle ne ressemble pas à ce qu’on imagine.
Ce n’est pas une révolution.
Pas un bouleversement.
Pas un “du jour au lendemain”.
Le contraire du perfectionnisme n’est pas le laisser-aller non plus.
C’est le réalisme, la confiance, la bienveillance envers soi-même.
Cela passe par…
1. Apprendre à faire “assez bien”
Parce que assez bien, c’est déjà extraordinairement mieux que rien.
2. Accepter l’imperfection comme un espace d’humanité
C’est dans l’imperfection que l’on apprend, que l’on crée, que l’on avance.
3. Décorréler la valeur personnelle du résultat
Je ne suis pas ce que je produis. Je suis bien plus que ça.
4. Se souvenir que l’action imparfaite vaut mieux que l’intention parfaite
Ce qui transforme une vie, ce n’est jamais la perfection.
C’est le mouvement.
Ce n’est pas facile d’en sortir — même quand on en a pleinement conscience.
Parce que le perfectionnisme, ce n’est pas un “mauvais réflexe” que l’on corrige d’un claquement de doigts. C’est un mécanisme profondément ancré, qui s’est construit pour nous protéger.
Et sortir d’un mécanisme qui nous a protégés pendant des années…c’est comme apprendre à marcher différemment : on sait ce qu’il faudrait faire, mais nos jambes veulent encore avancer “comme avant”.
Et si, finalement, le vrai courage… c’était d’oser être imparfait ?
L’imperfection est vivante, humaine, créative, authentique.
Elle ouvre des portes. Elle libère. Elle permet de respirer.
Le perfectionnisme, lui, ferme, restreint, contracte. Il nous éloigne de nous-même.
Alors si tu te reconnais dans cette quête impossible du “jamais assez”…
Peut-être qu’il est temps de te demander :
Et si “suffisamment bien” était déjà très bien ?
Et si le vrai progrès commençait quand j’arrêtais de me juger ?
Et si j’étais déjà suffisant(e), avant même de faire ?
Pour conclure le perfectionnisme ne fait pas mieux. Il fait moins.
Il prend de la place, de l’énergie, de la joie. Il éteint au lieu d’allumer.
Le perfectionnisme ne cherche pas l’excellence. Il cherche la sécurité.
Le perfectionnisme nous fait croire qu’il nous protège.
Mais ce qu’il protège surtout… c’est notre immobilité.
Il nous empêche d’essayer, de tester, d’oser, de proposer.
Il nous prive de spontanéité, d’élan, de mouvement.
Et reprendre sa liberté, ce n’est pas devenir “moins exigeant(e)”.
C’est devenir plus vivant(e).
Plus authentique.
Plus en mouvement.
Et moins dans l’attente de la validation extérieure.
Et vous, où en êtes-vous avec votre perfectionnisme ?
Est-ce qu’il vous aide ?
Ou est-ce qu’il vous épuise ?
Est-ce qu’il vous élève ?
Ou vous empêche-t-il d’oser ?
Parfois, mettre des mots sur ce mécanisme est une étape essentielle pour avancer.
Et si vous ressentez que ce sujet vous touche profondément, un bilan de compétences peut aussi vous aider à comprendre d’où vient ce perfectionnisme, ce qu’il dit de votre trajectoire, et comment construire un chemin plus libre, plus léger, plus aligné.
Pour plus de renseignements c'est ici .
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